mercredi 30 mars 2016

"Eden Log" de Franck Vestiel, 2007

 
Comme le laisse facilement deviner l'affiche, il s'agit d'un film de science-fiction à la réalisation extrêmement graphique. Visuellement, on pourrait le situer quelque part dans la zone des Tetsuo de Shinya Tsukamoto (1989) et Pi (1998) de Darren Aronowsky, c'est-à-dire qu'on y trouve un travail remarquable sur l'image. De la véritable expression cinématographique, en somme, pas du blabla filmé. D'ailleurs, il comporte très peu de dialogues. Tout repose sur divers procédés cinématographiques, que l'on pourrait presque, si l'on osait, comparer à ceux que l'on trouvait dans les films de la haute époque expressionniste. Je pense plus particulièrement au Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene. Certes, l'esthétique n'est pas la même, mais il y a une espèce de parenté de conception dans l'utilisation du décor, des textures et des contrastes violents de lumière et d'obscurité. Même s'il me rappelle les films expressionnistes, Eden Log tire plutôt son inspiration de l'univers de la BD et du jeu vidéo.  On a d'ailleurs souvent l'impression d'être dans un jeu. On pense un peu à Resident Evil (les jeux, pas les films) quoique l'histoire soit complètement différente.Ce film propose une sorte immersion dans l'inconnu, et nous y plonge d'entrée, dès la première seconde, par une séquence assez géniale, un véritable morceau d'anthologie. La bande son, excellente, contribue à l'ambiance et à la fascination.
Je pense qu'Eden Log gagne à être abordé sans rien connaître de l'histoire, c'est pourquoi je n'en dirai pas un mot. La seule chose à savoir est que si vous avez aimé les films mentionnés ci-dessus, si vous aimez la sci-fi, la BD, le manga et les jeux vidéos, il y a de grandes chances pour que vous ayez toutes les qualités nécessaires pour l'apprécier à sa juste valeur.
Ce film est une petite pépite. Un hasard heureux me l'a mis sous la main. Pourquoi n'en a-t-on pas davantage entendu parler au moment de sa sortie ? Pas assez standard pour un milieu cinécomateux franchouillard qui préfère les histoires de fesses entre copains à moins que ce ne soit les histoires de copains entre fesses ? J'exagère ; il y a de très bons films en France, mais ce sont en général ceux dont on n'entend jamais parler et qui ne passent que dans de rares salles et à des heures impossibles. À côté de chez moi, la pépite, française ou étrangère, est programmée le mardi à quatorze heures. Dans l'impitoyable univers qu'est celui du cinéma, les choses sont très mal faites.
C'était le premier film du réalisateur. J'ai aussitôt cherché s'il en avait fait d'autres depuis. Déception. J'espère que ce ne sera pas le dernier, car un pareil talent inutilisé, c'est vraiment du gâchis.
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Teaser:
ça tease, non ?
Belle performance de Clovis Cornillac - j'avais oublié de la mentionner dans l'article.