Rien ne me paraît plus ridicule qu'un idéal en matière de critique.
Vouloir rapporter toutes les œuvres à une œuvre modèle, se demander si
tel livre remplit telles et telles conditions, est le comble de la
puérilité à mes yeux. Je ne puis comprendre cette rage de régenter les
tempéraments, de faire la leçon à l'esprit créateur. Une œuvre est
simplement une libre et haute manifestation d'une personnalité, et dès
lors je n'ai plus pour devoir que constater quelle est cette
personnalité. Qu'importe la foule ? J'ai là, entre les mains, un
individu ; je l'étudie pour lui-même, par curiosité scientifique. La
perfection à laquelle je tends est de donner à mes lecteurs l'anatomie
rigoureusement exacte du sujet qui m'a été soumis. Moi, j'aurai eu la
charge de pénétrer un organisme, de reconstruire un tempérament
d'artiste, d'analyser un cœur et une intelligence, selon ma nature ;
les lecteurs auront le droit d'admirer ou de blâmer selon la leur.
Émile Zola, "Germinie Lacerteux", in Le Salut public de Lyon, 23 Janvier 1865.
lundi 1 février 2021
La Critique littéraire, artistique et musicale (I)
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