Mais la critique, appliquée aux œuvres du passé, est nécessairement
historique. Pour exercer sa double fonction, d'analyse et de jugement,
elle doit sans cesse faire appel à l'histoire. L'analyse des œuvres
n'est possible que si on les rattache à des traditions de style qui les
expliquent en partie, à une technique générale souvent très différente
de la nôtre. Une des tâche principales de la critique est de refaire en
quelque sorte l'œuvre avec l'auteur lui-même. Comment y parvenir si l'on
ne se met pas d'abord dans l'état d'esprit et dans les habitudes
artistiques du temps ? Quant aux jugements, ils doivent prendre
fréquemment la forme de comparaisons, marquer en quoi un artiste
continue ceux qui le précèdent, annonce ceux qui le suivent, ou se
distingue des uns ou des autres. Même les jugements qui prétendent
déterminer sans considération de temps la valeur en quelque sorte
absolue des œuvres d'art, ou du moins de ce qui reste en elles de vivant
pour nous, même ces jugements qui se donnent pour purement esthétiques,
gagnent à être éclairés, sinon toujours confirmés, par les témoignages
des contemporains.
Paul-Marie Masson, L'Opéra de Rameau, M. Laurens Editeur, 1930 ; "Préface", p. 1.
mardi 2 février 2021
La Critique littéraire, artistique et musicale (II)
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