Comme le laisse facilement deviner l'affiche, il s'agit d'un film de
science-fiction à la réalisation extrêmement graphique. Visuellement, on
pourrait le situer quelque part dans la zone des Tetsuo de Shinya Tsukamoto (1989) et Pi
(1998) de Darren Aronowsky, c'est-à-dire qu'on y trouve un travail
remarquable sur l'image. De la véritable expression cinématographique,
en somme, pas du blabla filmé. D'ailleurs, il comporte très peu de
dialogues. Tout repose sur divers procédés cinématographiques, que l'on
pourrait presque, si l'on osait, comparer à ceux que l'on trouvait dans
les films de la haute époque expressionniste. Je pense plus
particulièrement au Cabinet du docteur Caligari
de Robert Wiene. Certes, l'esthétique n'est pas la même, mais il y a
une espèce de parenté de conception dans l'utilisation du décor, des
textures et des contrastes violents de lumière et d'obscurité. Même s'il
me rappelle les films expressionnistes, Eden Log
tire plutôt son inspiration de l'univers de la BD et du jeu vidéo. On a
d'ailleurs souvent l'impression d'être dans un jeu. On pense un peu à Resident Evil
(les jeux, pas les films) quoique l'histoire soit complètement
différente.Ce film propose une sorte immersion dans l'inconnu, et nous y
plonge d'entrée, dès la première seconde, par une séquence assez
géniale, un véritable morceau d'anthologie. La bande son, excellente,
contribue à l'ambiance et à la fascination.
Je pense qu'Eden Log gagne
à être abordé sans rien connaître de l'histoire, c'est pourquoi je n'en
dirai pas un mot. La seule chose à savoir est que si vous avez aimé les
films mentionnés ci-dessus, si vous aimez la sci-fi, la BD, le manga et
les jeux vidéos, il y a de grandes chances pour que vous ayez toutes
les qualités nécessaires pour l'apprécier à sa juste valeur.
Ce film est une petite pépite. Un hasard heureux me l'a mis sous la
main. Pourquoi n'en a-t-on pas davantage entendu parler au moment de sa
sortie ? Pas assez standard pour un milieu cinécomateux franchouillard
qui préfère les histoires
de fesses entre copains à moins que ce ne soit les histoires de copains
entre fesses ? J'exagère ; il y a de très bons films en France, mais ce
sont en général ceux dont on n'entend jamais parler et qui ne
passent que dans de rares salles et à des heures impossibles. À côté de
chez moi, la pépite, française ou étrangère, est programmée le mardi à
quatorze heures. Dans l'impitoyable univers qu'est celui du cinéma, les
choses sont très mal faites.
C'était le premier film du réalisateur. J'ai aussitôt cherché s'il en
avait fait d'autres depuis. Déception. J'espère que ce ne sera pas le
dernier, car un pareil talent inutilisé, c'est vraiment du gâchis.
...
Teaser:
ça tease, non ?
Belle performance de Clovis Cornillac - j'avais oublié de la mentionner dans l'article.